Design et manipulation : quel avenir pour les réseaux sociaux ?

Lors d’un TEDX, Romain Badouard propose sa vision des réseaux sociaux, en examinant leur passé et en envisageant un futur souhaitable.

Il commence par évoquer le programme Elisa, l’un des premiers robots conversationnels créés par Joseph Weizenbaum au MIT en 1966. Ce programme a suscité l’intérêt des utilisateurs, mais Weizenbaum s’inquiétait déjà des risques de manipulation.

Ensuite, il mentionne le travail de BJ Fogg sur la captologie, qui consiste à utiliser les écrans pour déclencher des comportements répétitifs. Malheureusement, cette approche a été exploitée pour manipuler les comportements liés à la consommation et les opinions en augmentant le temps passé sur les plateformes grâce à des techniques d’attention.

Les réseaux sociaux actuels mettent l’accent sur la mise en avant du contenu sans se soucier de sa nature, ce qui peut avoir des conséquences toxiques à grande échelle. Cela soulève un problème collectif et politique, nécessitant une régulation de l’économie de l’attention.

Heureusement, des mesures commencent à être prises, notamment en Europe, où le Digital Service Act de 2023 vise à réguler les plateformes en supprimant les dark patterns et en contrôlant la toxicité des contenus, en particulier pour les adolescents. La société civile s’engage également, comme en témoigne les réactions à la suite du rachat de Twitter avec le départ d’utilisateurs.

Romain Badouard souligne que les réseaux sociaux ont apporté des avantages, notamment l’ouverture à de nouvelles idées, la facilitation des interconnexions et de l’auto-organisation. Il propose des pistes pour des réseaux sociaux plus responsables :

  1. Un design éthique pour reprendre le contrôle sur les algorithmes.
  2. La possibilité de paramétrer des réseaux sociaux publics avec des gouvernances participatives.
  3. Une infrastructure définie par les États.
  4. Un code de conduite.

Romain Badouard est un chercheur français spécialisé en sciences de l’information et de la communication, axant ses recherches sur les mouvements d’opinion et la participation politique en ligne, ainsi que sur les questions de gouvernance et de régulation d’Internet.