L’inclusion numérique dans le Grand-Cubzagais

La Maison des Services Publics du Grand Cubzagais a ouvert ses portes à Saint-André-de-Cubzac en juillet 2020, proposant aux usagers un immense bâtiment neuf et équipé, animé par une trentaine d’agents aux missions variées. Parmi eux, Laurent Robin, attaché au pôle numérique, en chapeaute le volet inclusion. Membre volant de l’équipe, il œuvre le reste du temps à la Cyber-base de Bourg. Deux lieux et deux types d’accompagnements au service d’une même ambition : l’inclusion numérique.

En quoi menez-vous une action de solidarité numérique à la MSP ou à la Cyber-base de Bourg où vous officiez comme médiateur/animateur numérique ?

Laurent Robin : Nous essayons de mailler le territoire un maximum pour permettre une inclusion numérique pure. Nous envisageons d’ailleurs d’ouvrir un autre espace courant 2021, situé en centre-ville et donc plus accessible aux personnes pour qui la mobilité est un problème. Nous accompagnons les particuliers qui viennent souvent pour régler des problèmes d’accès aux droits. On voit souvent des seniors venir pour faire leur dossier de retraite alors qu’ils n’ont jamais touché un ordinateur de leur vie. Mais aussi beaucoup des gens de tout âge qui viennent pour leurs dossiers Caf, les impôts, pour aller sur les sites des ambassades pour les visas (qui sont très compliqués), mais la demande la plus importante reste pour utiliser le site de l’ANTS (Agence Nationale des Titres de Sécurité). C’est sur ce site que l’on demande son permis, sa carte d’identité, sa carte grise etc, et c’est de loin le plus difficile d’accès.

Quand la personne est dans l’urgence totale, on fait à sa place mais notre but est de l’amener à une certaine autonomie face à l’outil. Ici à la MSP, c’est très ciblé sur la gestion de l’administratif, à la Cyber-base de Bourg, c’est plus ciblé sur l’initiation aux outils et à l’ouverture aux cultures numériques. Je fais des permanences à la MSP tous les jeudis, et je suis le reste du temps à Bourg, (bien que je sois mobile).

Considérez-vous que votre métier et votre action entrent dans le champ du social ?

Laurent Robin : Ça fait un moment déjà… ! Je fais ce métier depuis 2009 et au début, je voyais essentiellement des seniors qui venaient se former aux logiciels de photos et de traitement de texte. Rapidement, on a basculé sur un public qui avait besoin d’accéder à ses droits sociaux. Les premiers ont été les demandeurs d’emplois parce qu’à Pôle Emploi, ils ont été les premiers à passer en ligne mais n’étaient pas équipés de postes en agence… Donc on a dû inscrire de nombreux demandeurs d’emploi sur le site pour qu’ils puissent se déclarer.

Gaëlle Provost, une collègue de Laurent Robin, coordinatrice du Projet France Services, nous rejoint et ajoute :

Gaëlle Provost : À la MSP, il y a quatre personnes à l’accueil, quatre postes dans l’espace numérique, et une collègue dédiée à l’action sociale, dont c’est le métier. Ce qui est bien ici c’est que le bâtiment est facilitateur. Il y a les bureaux administratifs du PRIJ (Point Rencontre Informations Jeunesse), du centre de loisirs, de la mission locale… Selon le problème de la personne, on toque à la porte à côté et on trouve des solutions.

La récente expérience du confinement a-t-elle accru la demande d’accompagnement au numérique ?

Laurent Robin : Avant le confinement c’était déjà devenu compliqué d’entrer en contact avec quelqu’un à la Caf ou dans d’autres administrations. Aujourd’hui, c’est impossible. On ne communique avec eux plus que par mails, et leurs réponses sont sans nom, sans signature ni numéro de téléphone. Il n’y a plus d’humains, nous sommes le dernier rempart ici (sauf pour les impôts, qui sont les plus impliqués et les plus disponibles de tous les partenaires administratifs). Nous avons réouvert la deuxième semaine de juin à Bourg mais nous nous sommes limités à cinq personnes au lieu d’une quinzaine (comme nous avons pu le faire lors d’ateliers et autres réunions). Malgré cela, il nous est arrivé de voir dix nouvelles personnes en l’espace d’une seule journée alors qu’avant c’était rare. Nous avons une dizaine de nouveaux inscrits en deux mois, ce qui est beaucoup à notre échelle aussi. Donc oui, il y a une vraie demande qui s’accroît.

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